[Lettre ouverte de la communauté de la HETSL à la direction de l'école et à la présidence de la fondation]

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Cher Alessandro Pelizzari, Chère Elisabeth Baume-Schneider,

Suite à l’appel à la mobilisation et l’action de 43m2 de ce midi, nous, étudiant·e·x·s de la haute école de travail social et de la santé de Lausanne, nous sommes réuni·e·x·s pour vous faire de part de notre profond soutien au collectif.

Nous avons été interpellé·e·x·s par cette arrivée, par le contexte actuel du sans-abrisme et du mal-logement et sensibilisé·e·x·s à l’action sociale par les enseignements de cette école. Nous trouvons aujourd’hui tout le sens et l’importance qu'un positionnement à la hauteur de l'urgence sociale en ville de Lausanne soit pris par l'école.

Au vu de la situation, il nous paraît inconcevable de rester passivement assis·e·x·s sur nos bancs d’école les yeux fermés. Nous ne pouvons ni envisager ni tolérer une réalité aussi insupportable : il s’agit de dignité humaine. L'importance d'agir relève aujourd'hui d'une évidence.

La nature de l'action menée actuellement dans notre jardin est conforme à l'ensemble des principes de justice sociale qui guident le travail social, détaillés dans le code de déontologie d'AvenirSocial.
La HETSL quant à elle, par son slogan, invite sa communauté à s'engager, au cœur de la société. Lorsque la société elle-même vient en notre cœur pour crier son besoin de justice sociale, il est de notre devoir moral et idéologique de lui offrir les conditions pour trouver un refuge et les ressources dont elle a besoin.
Nous sommes conscient·e·x·s que l'occupation illégale de nos terrains constitue une violation des droits de propriété de l'école. Or, les enseignements dispensés en ces murs nous ont appris l'importance de la désobéissance civile comme outil pouvant entamer des changements sociaux nécessaires. Au cours des deux dernières années, au moins deux actions d'occupation, à la place Bel-Air et au Palais de Beaulieu, pour des motifs similaires ont été quasi-immédiatement réprimées par la police. A cela, ajoutons les nombreuses évacuations de squats dans l’agglomération, moins médiatisées, mais néanmoins révélatrice des besoins de logements abordables. Pendant ce temps, les autorités compétentes de la ville de Lausanne n'ont pas adopté de modifications conséquentes du dispositif d'accueil permettant de répondre aux besoins. En plus d'être le seul lieu capable de produire des savoirs académiques de qualité sur la situation dans la région lausannoise, la HETSL semble être un des rares lieux ouverts à la discussion pour héberger un accueil d'urgence et transitoire, tant que des solutions plus durables ne seront pas trouvées.

En outre, l'accueil du collectif 43m2 constitue une formidable opportunité de pédagogie participative pour parfaire nos apprentissages de l'action sociale dans un contexte d'urgence. Nous considérons la cohabitation avec les personnes sans-abris et mal-logées et les membres engagé·e·x·s du collectif comme une riche opportunité d'être en contact direct avec les enjeux du terrain.

En tant que personne, en tant qu’étudiant·e·x·s en travail social et, surtout, en tant que futur·e·x·s travailleuse·x·s sociales et travailleur·x·s sociaux, nous souhaitons :
 
- Que la HETSL accorde au collectif 43m2 un droit exceptionnel et inconditionnel d'occuper nos terrains pour accomplir sa mission d'accueil des personnes sans-abris et mal-logées jusqu'à l'adoption par la ville de Lausanne d'un dispositif à la hauteur des besoins.
 
- Que la HETSL poursuive son rôle pionnier de production de connaissances scientifiques sur la situation du sans-abrisme et du mal-logement dans le canton de Vaud
 
Nous sommes bien conscient·e·x·s qu’il ne s’agit pas d’une solution à long-terme, mais dans les situations extrêmes auxquelles font face les personnes vivant en grande précarité, une heure, une journée, une semaine de protection sont déjà précieuses.
 
Nous reconnaissons la position inconfortable et délicate, aux yeux de la ville et du canton, que nos revendications impliquent. Toutefois, quoi qu’il advienne, nous savons, à travers le silence même, que nos cris vous parviennent, que vous avez déjà contribué, en nous armant de savoirs, à nous engager pour notre avenir. Car, oui, par cette lettre, nous vous témoignons aussi nos peurs. Nous ne souhaitons pas envisager nos futurs professionnels dans un tel climat d’austérités, dénué d’humanisme et de solidarité.

Les membres de la communauté de la Haute école de travail social de Lausanne.

Mobilisation créée par Lettre ouverte des étudiant·exs de la HETSL à la direction de l'école et à la présidence de la fondation
30/5/2022

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