Tribune citoyenne : Pour une stratégie nationale forte contre les variants de l’épidémie de covid

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Tribune citoyenne : 

Pour une stratégie nationale forte contre les variants de l’épidémie de covid


Le COVID-19 en 2021 : une nouvelle donne


La pandémie face à laquelle nous nous battons depuis la fin de l’année 2019 est entrée dans une nouvelle phase depuis fin 2020 : celle marquée par l’émergence de variants, de nouvelles souches virales, contre lesquelles les vaccins développés à travers le monde et introduits dans nos protocoles depuis le début de l’hiver montrent déjà leurs limites. Prendre en considération cette nouvelle donnée constitue à l’avenir, selon nous, le principal élément de vigilance sur lequel il faut mobiliser toute notre énergie. Rater le coche, négliger cette variable, ne pas nous armer pour tracer les variants avant leur prolifération massive pourrait réduire nos efforts à néant. Laisser les variants se développer, c’est se diriger vers une campagne vaccinale à l’efficacité insuffisante.


Le Royaume-Uni a lancé à cet effet, depuis trois semaines, des campagnes de test localisées dès qu'un seul variant de virus "sud-africain" ou "brésilien" est identifié dans une zone donnée. Après une gestion pourtant reconnue comme plutôt mauvaise de l'épidémie, nos voisins d’outre-Manche semblent, à défaut de pouvoir soutenir une stratégie "zéro covid", avoir fait le choix d'une stratégie "zéro variant résistant", clairement énoncée, ciblée sur l’émergence récente de nouvelles souches de virus. Le but : ne pas compromettre l'efficacité de leur politique vaccinale.


Les États-Unis ont dans le même temps franchi le seuil de 500 000 morts. Cela représente la mort d’un Américain sur 650. Appliqué à la France, ce taux représenterait un peu plus de 100 000 morts. Nous en sommes d’ores et déjà à 83 000, irons-nous jusqu'à 150 000 avant l'été prochain ? Nous le craignons, a fortiori quand les différents membres du gouvernement et le chef de l’Etat se satisfont actuellement d’une situation qui cause la mort de 400 personnes par jour en moyenne depuis désormais près de 10 semaines.


Depuis le début de la pandémie, la France a fait quelques bons choix. Le confinement national de mars 2020 a évité aux autres régions de subir le sort de l'Alsace et de l'Île-de-France et a permis de casser la flambée de l'épidémie, qui malgré ces mesures fortes a causé la mort de 30 000 de nos concitoyens au printemps. On mesure désormais son efficacité à l’aune des courbes de mortalité et des résultats moins éloquents du 2eme confinement de novembre 2020 et de la difficulté à résorber la 2eme vague, installée depuis le mois de septembre dans le pays.


Défaut d’anticipation et attentisme risqué


En effet, alors que la reprise de l'épidémie se voyait clairement dans les chiffres depuis juillet, nous avons eu depuis l'automne des mesures plus légères, qui entretiennent l’épidémie sans la briser. La conséquence est radicale : plus de 50 000 décès supplémentaires sont à mettre au compte de l’épidémie depuis le début de la deuxième vague. 


Une épidémie est pourtant un phénomène qui s'anticipe plusieurs semaines à l’avance, ce qui aurait pu permettre des confinements stricts, brefs, décidés en amont afin de préparer le pays. De tels confinements ont par ailleurs un impact économique moindre que des mesures plus légères mais prolongées dans le temps. Ces mesures diluées créent un effet d’attente et d’essoufflement dont on ressent les effets dans le moral des Français.


L'attitude gouvernementale, qui a plus été paternaliste que responsabilisante, plus auto-satisfaite que critique et humble et plus attentiste qu’efficace, rendra à l’avenir de nouvelles mesures de confinement plus difficiles à appliquer et à faire accepter. Nous pensons qu’une telle série de mesures est pourtant nécessaire pour contenir l’ascension des variants : il s'agit d'un risque politique à court terme, mais qui peut se révéler bénéfique d’ici quelques mois pour notre pays, pour sa population.


Le choix initialement fait par le gouvernement de suivre les recommandations des laboratoires et les résultats des études sur le protocole vaccinal semble raisonnable. Il a permis d’initier une campagne de vaccination dans le pays sans trop tarder. Mais, la donne a profondément changé et ces recommandations ne suffisent plus face aux variants brésilien, sud-africain, britannique : ces souches résistent mieux aux vaccins, sont plus contagieuses, et ne sont pas stoppées par les mesures actuelles.

Un manque de réalisme et de pédagogie

Cette stratégie de maintien dans le “plateau”, adoptée depuis décembre, ne fonctionne pas et ne fonctionnera en effet pas face à des souches virales qui sont de 50 à 70% plus contagieuses. Un R de 0,9 sur le virus initial de 2019 implique un R de 1,3-1,5 sur les variants de 2020 et 2021, soit une flambée épidémique. Nous ne pouvons pas courir le risque de voir s'installer une vague de contamination par les variants contre lesquels nos vaccins actuels sont moins efficaces.


Un an après le début de l'épidémie, les décideurs français n'auraient-ils toujours pas compris ce qu'est une tendance exponentielle ? Dans des pays proches, Mme Merkel et Mme Frederiksen, par exemple, savent l'expliquer avec clarté et pédagogie et justifier ainsi auprès de leurs concitoyens leurs décisions politiques concernant la crise sanitaire. Notre décalage en la matière est frappant, alors que nous aurions pourtant besoin d'un confinement national strict pour briser l’ascension de la prévalence des variants. S'il avait eu lieu dès le début de l'automne, ce confinement aurait sans doute pu être plus bref, et mieux accepté. Il est désormais encore plus urgent et inévitable d’y recourir.


Des mesures timides, prises localement dans un premier temps, nous font courir le risque de devoir les prendre dans un second temps partout sur le territoire mais avec un temps de retard fatal pour nos concitoyens les plus fragiles. Les conséquences en seront non seulement une plus forte mortalité, mais aussi de nombreuses séquelles dont on constate l'existence pour les malades légers et même les asymptomatiques, et qui constitueront à l’avenir une population fragilisée, à la santé diminuée pour de nombreuses années à venir. Ceci sans oublier de mentionner les risques psycho-sociaux et les difficultés mentales que génèrent aujourd’hui les mesures de couvre-feu et de fermeture prolongée de tous les lieux d’activité culturelle, festive, sociale, depuis des mois : nos étudiants, nos jeunes, les employés de ces secteurs souffrent de cette attente qui n’en finit plus. Ils souhaitent retrouver les bancs de l’université, la bibliothèque, les musées, les restaurants et les bars, mais 3 mois de couvre-feu ne l’ayant pas permis, il faut désormais admettre l’échec de cette stratégie.


La stratégie vaccinale menacée par la prolifération des variants


A défaut d'un confinement strict, il devrait être possible de convaincre nos dirigeants de concentrer nos efforts de traçage sur les variants résistants. Le plateau dans lequel nous nous situons depuis décembre est trop haut pour tracer efficacement tous les cas. Avec le déploiement des “PCR de criblage”, mais aussi un séquençage massif pour ne pas rater l'émergence de nouvelles souches, il serait peut-être possible d'obtenir un traçage efficace et un isolement strict de ces cas. Mais ces mesures tardent encore à arriver et à être envisagées dans le pays : nous perdons en ce moment même la course contre la montre.

 

Il n'est peut-être pas trop tard, mais le temps presse. Détecter les variants massivement permettrait de ne pas compromettre l'efficacité de notre stratégie vaccinale actuelle, au sujet de laquelle il faut rappeler qu’au rythme actuel, si on se fie à la moyenne des 7 derniers jours en date du 22 février 2021, l'objectif de vacciner l'ensemble de la population adulte serait atteint le 12 août 2023.


De ce point de vue, il faut donc admettre l’échec partiel de notre stratégie : si cette vaccination démarrée en janvier semble efficace pour lutter contre le virus originel de la COVID - le vaccin Pfizer ayant par exemple une efficacité de 90% - on sait désormais qu’elle ne constitue pas une arme aussi puissante face aux variants. Or c’est bien de cette nouvelle donnée dont nous devons tenir compte, à présent, pour ajuster notre stratégie. 


L’augmentation de la prévalence des variants dans l’épidémie menace aujourd’hui de compromettre l’intégralité de notre dispositif vaccinal et de réduire à néant tous les efforts auxquels les Français ont consenti depuis novembre.


Les décisions des jours à venir seront critiques, il faut agir maintenant, au plus vite et en usant de notre aptitude à percevoir l’urgence pour lutter contre les variants qui mettent désormais en péril toutes les mesures imaginées par nos décideurs. Nous risquons sinon de perdre toute l’énergie investie pour développer les vaccins et déployer une vaccination massive de la population. Des dizaines de milliers de vies sont en jeu, et l'état de santé à long terme de centaines de milliers de Français pourrait être menacé. L'avenir jugera ceux qui choisiront de ne pas tenir compte de la réalité, à laquelle nous faisons désormais face de manière crue et brutale. Pour ne pas compromettre cet avenir, c’est maintenant qu’il faut agir.


Un collectif de citoyens


Premiers signataires:


Éric Aubourg

Emmanuel Bourassin

William Coffy

Caroline Conti

Augustin Laurent-HB

Chloé Lemarié

Juliette Plastre

François Pesce

Marie-Isabelle Pichon 

Clément Salviani


Mobilisation créée par Mobilisation citoyenne anti covid
24/2/2021

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