Nous demandons la création d’une commission d’enquête parlementaire afin de faire toute la transparence sur les crimes de pédophilie et leur dissimulation dans l’Église catholique.
Nous le faisons d’abord parce que nous sommes des citoyens et des citoyennes et pour beaucoup d’entre-nous des chrétiens et des chrétiennes. Comme toute organisation religieuse en France, l’Église catholique est régie par l’état de droit ; elle n’échappe pas plus que les autres à la loi républicaine, et ceci d’autant plus qu’elle participe à des missions d’intérêt général et bénéficie à ce titre d’aides publiques ou fiscales. C’est pourquoi elle doit, et ce de façon urgente, rendre des comptes. Elle doit le faire devant la justice, mais aussi devant la représentation nationale, car ce ne sont pas seulement des responsabilités individuelles qui sont en cause, mais aussi, comme l’a clairement indiqué le pape François, tout un système. Ces crimes et leur dissimulation constituent une atteinte grave à l’ordre public. Ce sont des générations entières qui ont fréquenté le catéchisme, les aumôneries, l’enseignement catholique, le scoutisme et les mouvements de jeunesse placés sous l’autorité de l’Église catholique. Le pape François a beau appeler les laïcs, hommes et femmes, à s’engager pour combattre ce fléau, leurs propres demandes, maintes fois répétées, sont restées lettre morte, singulièrement en France. Aujourd’hui, dans notre pays, l’Église catholique se contente de répéter les mots du pape sans prendre d’initiative significative pour rechercher les crimes qui n’auraient pas été dénoncés et surtout leurs causes institutionnelles et structurelles. De fait, nul ne peut être juge et partie ; comment ceux qui ont couvert ces dérives pourraient-ils faire ce travail de vérité ? Ailleurs dans le monde, ce sont des instances indépendantes de l’institution ecclésiale, comme la Commission d’enquête royale en Australie, le grand jury de l’État de Pennsylvanie, ou la Commission Ryan en Irlande, qui ont révélé un système de mensonge organisé au niveau des responsables – c’est-à-dire des évêques. À côté des procédures judiciaires qui permettront de sanctionner les crimes et les délits individuels, du moins quand ils ne sont pas prescrits, seule une commission parlementaire a le pouvoir de faire la lumière sur le passé pour éviter qu’il ne se reproduise, en exigeant la communication des archives diocésaines, en interrogeant les acteurs, et en communiquant à la justice les faits dont celle-ci n’aurait pas eu connaissance. Il nous importe non pas de faire éclater des scandales mais d’en faire cesser un, immense, celui du silence assourdissant de la hiérarchie catholique devant des souffrances qu’elle a, pour l’essentiel, sciemment ignorées ou même cachées pendant trop longtemps. Le retour de la crédibilité est à ce prix.
Témoignage chrétien
Premiers et premières signataires
François Devaux et Alexandre Dussot-Hezez, fondateurs de l'association La Parole libérée
Jean-Pierre Mignard, avocat
William Bourdon, avocat
Anthony Favier, co-président de l'association David & Jonathan
Anne Soupa, présidente de la Conférence des baptisé-e-s de France
Roselyne Bachelot-Narquin, ancienne ministre de la Santé
Daniel Lenoir, ancien directeur général de la Caisse nationale d'allocations familiales
Jean-Marc Salvanès, chef d'entreprise
Laurence Rossignol, sénatrice PS, ancienne ministre de la Famille
Marie-Pierre de La Gontrie, sénatrice PS
Jacques Maillot, chef d'entreprise
Jean-François Rouzières, psychanalyste
Jean Mouttapa, éditeur
Jean-Pierre Sueur, sénateur PS
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS, vice-présidente du Sénat
André Gatollin, sénateur LREM
Jacques Maire, député LREM
Valérie Rabault, députée PS
Jean-Louis Gagnaire, responsable LREM
Nathalie Bajos, directrice de recherche à l'Inserm
Hervé Chabalier, fondateur de Capa
Soutiens
Pierre Vignon, prêtre du diocèse de Valence et juge canonique
Laurent Lemoine, dominicain et psychanalyste