Pour un dispositif européen de co-innovation technologique et sociale

0 500

A : Carlos Moedas, Comissaire européen à la rechrche, à l'innovation et à la science et Mariya Gabriel, Commissaire européenne pour l’économie et la société numériques, et responsable de la DG Connect, la direction-générale chargée des politiques liées à la technologie

L’Europe compterait 2 millions d’entreprises d’économie sociale, soit 10% des entreprises de l’UE, et plus de 11 millions de travailleurs . Le progrès technologique et numérique doit les intégrer, s’en inspirer et accompagner leur mission sociale, et non pas comme souvent renforcer les inégalités. L’appui des institutions européennes et des dispositifs dédiés étant indispensables.

Entre précarisation et destructions d’emplois, attitude peu citoyenne au regard de l’impôt, atteinte à la vie privée, le secteur tech et numérique est accusé de bien des maux. Ce discours fait le lit des populismes et repose sur un phénomène bien réel, qu’il convient d’encadrer : jamais la technologie n’a bouleversé l’organisation de la société si vite.

Au niveau européen, le Fonds Social donne la priorité de sa redistribution aux catégories vulnérables, notamment les jeunes, la lutte contre les discriminations, la promotion d’emploi durable et de qualité, la lutte contre le chômage de longue durée, contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Ces champs d’action sont majoritairement pris en charge par les acteurs d’utilité.

Mais aujourd’hui, ces-derniers ploient à la fois sous l’extension de leur mission sociale, la baisse de leurs moyens et l’injonction à amorcer une transition numérique indispensable à leur survie. A l’heure où les subventions publiques fondent ou se dispersent entre associations historiques et nouveaux acteurs, la concurrence pour la recherche de financements se fait Les associations sont poussées à se professionnaliser, à s’équiper, à amorcer elles aussi leur transition numérique pour gagner en efficacité au service de leur mission.

De l’autre côté du miroir, certaines entreprises du secteur “Tech”, constituées de plus en plus de “Millenials” en “recherche de sens au delà de l’enrichissement personnel”, s’engagent par le biais de la philanthropie ou de l’innovation sociale “faites maisons”. Mais souvent ces dirigeants et salariés souhaitent sincèrement s’engager mais ignorent les réponses existantes dans le secteur associatif. L’expertise sociale sous-valorisée, constitue pourtant un élément fort de notre patrimoine européen. Il est urgent de la reconnaître à sa juste valeur aux associations et entrepreneurs sociaux qui maîtrisent les spécificités de leurs publics et les freins rencontrés sur le terrain.

Si nos entreprises et nos associations innovantes pouvaient collaborer et créer ensemble de la valeur économique et sociale, il y a fort à parier que beaucoup de solutions pourraient changer d’échelle ou émerger. Les exemples ne manquent pas. Quelque soit leur taille, les entreprises et les associations innovantes doivent être incitées à mieux collaborer pour pouvoir inventer ensemble les solutions d’un monde plus équitable et durable. Et les événements dédiés à la tech et à la prospective doivent accueillir plus d’acteurs à utilité sociale, s’en inspirer, et réciproquement.

Nous, citoyens européens, voulons une Europe numérique plus inclusive et solidaire, avec l’innovation sociale comme marqueur. Une Europe qui favorise les liens entre tous les acteurs de l’économie et valorise la création de valeur sociale autant que le progrès technologique. Les nouvelles générations ne connaissent pas de frontière entre engagement social, politique et professionnel. Le progrès passera par davantage de justice sociale, d’équité, d’autonomie donnée à tous les citoyens pour choisir un modèle de société dans laquelle chacun “fera sa part” et sera reconnu comme un potentiel.

Aussi, nous souhaitons que nos institutions européennes reconnaissent et poussent les initiatives sociales innovantes qui existent en Europe comme elles soutiennent la R&D, qu’elles favorisent la co-innovation technologique et sociale

Voici quelques propositions/moyens d’action, qui existent déjà ou qu’il serait judicieux de pousser mais qu’il s’agit d’accélérer et de passer à l’échelle européenne :

  • Créer une nouvelle division au sein de l’European Institute for Innovation & Technology, dédiée aux « Digital social innovations »
  • Doter les associations et entrepreneurs sociaux de moyens financiers et en compétences pour accélérer leur transition numérique (communication institutionnelle, programmes de mécénat, financements dédiés, etc.) en favorisant les échanges avec les acteurs privés.
  • Créer un programme réunissant universités, centres de recherches publics / privés œuvrant dans l’innovation tech et sociale
  • Dégager des lignes budgétaires pour financer la co-construction de projets d’innovation tech et sociale entre acteurs de la tech et de l’utilité sociale pour favoriser l’émergence de licornes de l’innovation sociale
  • Élargir et faire connaître les dispositifs existants comme « Erasmus jeune entrepreneur », en favorisant les échanges entre entrepreneurs tech et sociaux
  • Organiser en 2018 un  « Davos de l’innovation sociale »
  • Déclarer 2019 année européenne de l’innovation sociale.

Qui sommes-nous ?

Le Social Good Accelerator est une initative européenne de plaidoyer et d'action pour une transition numérique plus inclusive, social et solidaire en Europe. Nous rassemblons à ce jour une vingtaine d'organisations (entrepreneurs sociaux, associations, entreprises) et souhaitons mobiliser plus large pour que notre voix porte jusqu'aux institutions européennes. Suivez nous sur www.socialgoodaccelerator.eu et sur twitter @SocialGoodAccel

 

Mobilisation créée par Social Good Accelerator
7/11/2017

Soutenir we sign it

Wesign.it ne vit que grâce aux dons et ne fait pas de commerce avec vos données. Pour maintenir ce service, soutenez-nous, les fonds serviront à payer le serveur, l'envoi de mails ainsi qu'un salaire à temps plein sur un an.

Soutenir WE SIGN IT