Dans le champ de la recherche nous savons depuis longtemps que l'instabilité est nuisible à un bon développement. L'enfant a besoin d'un cadre stable afin de se structurer et d'anticiper les événements du quotidien. Ceci est vrai pour chaque enfant mais d'autant plus lorsqu'il présente certaines fragilités ou troubles du développement (comme le Trouble du Spectre Autistique ou un Trouble Spécifique des Apprentissages). Des études ont pu montrer qu'une instabilité des rythmes entraînait une désynchronisation de la vigilance. Ainsi, des fermetures "aléatoires" une partie de la journée, sans anticipation possible, risquent de perturber le fonctionnement des enfants. De même, le choix de fermer le matin est problématique. En effet, en référence aux rythmes chronopsychologiques de l'enfant, les études montrent que le niveau attentionnel augmente en cours de la matinée, ce qui rend ce moment de la journée particulièrement propice aux apprentissages. Les matins de fermeture, que vont faire les enfants ? Regarder la télévision ou aller sur internet car les parents seront peut-être en télétravail ?
Le fait de fermer les écoles va encore une fois creuser les disparités : les parents qui bénéficient d'un réseau familial et les autres ; les parents obligés de poser des jours de congés ou d'arrêts et les autres ; les enfants qui peuvent être accompagnés dans leurs travaux scolaires en dehors de l'école et les autres ; les enfants qui bénéficient d'un cadre familial calme et les autres ; etc.
Ce type de décision, on le sait, ne fait que fragiliser les plus vulnérables comme les enfants avec des besoins spécifiques et/ou victimes de violences intra-familiales. Ces fragilités sont connues et elles seront accentuées par les ruptures provoquées par ces fermetures, avec sans doute des différences et inégalités au niveau du territoire.
Dans la situation actuelle, le fait que les parents soient prévenus la veille ne leur permettra pas d'agir avec sérénité et cohérence. Les enfants risquent d'être doublement pénalisés par une instabilité de leur quotidien scolaire et un vécu parental difficile (stress, inquiétude quant à l'avenir scolaire, etc.).
Pour finir, quel message envoie t-on aux enfants s'il apparaît "normal" de supprimer des temps d'éducation ? Nous envoyons le message que le maintien de l'économie est plus important que l'éducation des futurs citoyens. Comment s'attendre à ce que les élèves s'investissent ensuite dans leurs études ? Le rapport aux études et au savoir se construit durant l'enfance. Les futur.e.s citoyen.ne.s se construisent maintenant.
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